Qu’est-ce qu’un C.R.A ?
Les Centres de rétention administrative (ou CRA), sont des lieux d’enfermement et de privation de liberté qui permettent à l’État français d’enfermer chaque année près de 50 000 personnes sans papiers pendant qu’il organise leur expulsion. Ces CRA sont des outils de répression envers les personnes étrangères sans carte de résident ni permis de séjour. Depuis la loi Asile et Immigration adoptée en 2018, iels peuvent y être maintenu·es jusqu’à trois mois.
A l’intérieur des CRA, les personnes enfermées témoignent quotidiennement du manque de nourriture, des provocations, des humiliations, des insultes racistes, des refus de soin et des violences policières. Les CRA tuent.
A ce jour, il existe 27 CRA en France dont un à Lille et à Calais. 10 nouvelles construction sont prévues dont un à Dunkerque. Ce qui portera à 3 000 le nombre de places d’enfermement en CRA en 2027.
Le projet à Loon-plage
L’État prévoit la construction du Centre de Rétention Administrative à Loon-plage, sur un terrain de 25 000 m2 appartenant au Grand Port Maritime de Dunkerque. Il aura une capacité d’enfermement de 140 places.
Les appels d’offre ayant été clôturés, nous saurons en janvier 2025 quelles entreprises participeront à l’élaboration et la construction du CRA. Les travaux sont censés débuter en novembre 2025 pour une livraison prévue en mars 2027. D’ici là, restons attentif.ves et partageons nous les informations !
Militarisation de la frontière
Ce projet de CRA s’inscrit dans une logique de militarisation toujours plus forte de la frontière franco-britannique. De Normandie à la Belgique, l’État français déploie toujours plus de moyens pour empêcher les personnes qui n’ont pas les « bons » papiers de rejoindre le Royaume-Uni.
Cette sous-traitance du contrôle de la frontière britannique par la France se traduit par une politique d’hyper-surveillance et de harcèlement contre les personnes migrantes. Présence policière massive, barrières, barbelés, caméras, drones, hélicoptères… La collaboration entre les deux états se chiffre en centaine de millions d’euros par an, qui servent à militariser toujours plus la région.
A Dunkerque, Calais ou Ouistreham, les personnes vivant dans des campements de fortune ou se trouvant à proximité du littoral sont traquées, expulsées, violentées, arrêtées, enfermées, déportées… Cette politique ne dissuade pas les gens de venir et leur rend juste la vie plus difficile, avec des conséquences dramatiques.
De nombreuses personnes sont mort-es à la frontière franco-britannique (au moins 400 décès en 20 ans) : à cause des voies de passage plus dangereuses pour éviter la surveillance, de l’absence d’accès aux besoins vitaux (hébergements, soins, eau, nourriture…), des suicides de désespoir…
Les CRA sont un maillons-clés de cette militarisation de la frontière. Lutter contre les CRA, c’est mettre à mal l’ensemble de cette machine à broyer des vies. C’est pour cela qu’il faut empêcher la construction de nouveaux CRA, à Dunkerque comme ailleurs, et plus généralement abolir tous les CRA déjà existants.
Organisons notre opposition
Face a un tel projet, il est normal de se sentir dépassé.es, découragé.es individuellement. Mais il y a plein de moyen de mettre des bâtons dans les roues des constructeurs de zonz’ !
D’abord, il est possible de se documenter, chercher et transmettre des informations ou même simplement en parler autours de soi. Le terrain où le projet est prévu se situe entre le village de Loon-plage et le port ferry, vers l’ancienne rue du corps de garde, juste au sud de l’entrepôt SDAN. Coordonnées GPS approximatives : 51.004, 2.207. Les parcelles concernées appartiennent au Grand Port Maritime de Dunkerque. Soyons vigilant.es pour ne pas laisser démarrer les travaux !
En ce sens, nous nous réunissons collectivement une fois par mois au sein de l’épicerie autogérée la Source à Dunkerque. Nous y organisons notre opposition sous différentes formes : collage d’affiches, distribution de tracts, prise de parole publique, rassemblement.
N’hésite pas à nous rejoindre !