L’État projette la construction d’un CRA à Loon-Plage d’ici 2027. Le début des travaux à Loon-Plage est prévu en 2025. Un centre de rétention administrative, c’est une prison pour organiser la déportation des personnes étrangères. Elles peuvent y être enfermées jusqu’à 90 jours uniquement parce qu’elles n’ont pas les bons papiers. Alors que cette durée d’enfermement n’a cessé d’être allongée réforme après réforme, le gouvernement actuel prévoit encore de l’augmenter à 210 jours. En mars 2025, c’est même un allongement allant jusqu’à 18 mois de rétention qu’a suggéré le ministre Retailleau (https://www.gisti.org/article7478).
Les CRA sont des lieux où les mauvais traitements et les violences sont quotidiennes. Elles sont dénoncées régulièrement par les personnes enfermées elles-mêmes, ainsi que par les associations et les autorités administratives indépendantes (Défenseur des droits, Contrôleur général des lieux de privation de liberté etc), et jusqu’à la Cour européenne des droits de l’Homme.
L’accès à des soins médicaux y est très restreint voire impossible, et ce même en cas d’urgences médicales. Très peu de considération de l’état de santé des personnes, physique ou mentale, est faite.
La nourriture servie est dénoncée par les personnes détenues comme étant immonde, l’hygiène y est déplorable. Aucune activité n’est prévue à l’intérieur des CRA, hormis une salle TV: les personnes enfermées se retrouvent donc en état de stress aigu, face à la seule perspective d’une expulsion et de l’enfermement.
Enfin, les violences policières y sont florilège, allant des humiliations, insultes racistes, vols d’effets personnels, aux coups et blessures, contraintes physiques. Cela se passe dans l’impunité des murs de cette prison qui ne dit pas son nom. Chaque année, des personnes enfermées dans les CRA y meurent.
Les CRA sont un ressort essentiel de la politique de gestion des frontières des Etats. Nous nous opposons à ce choix politique car les frontières sont un principe de contrôle, de discrimination et d’enfermement d’une partie de la population.
Du principe de frontière découle l’importance des papiers d’identité, qui permettent le contrôle et le tri des populations. D’un côté, les « bonnes personnes étrangères » qui se soumettent à l’administration et à la logique de l’assimilation, arriveraient à un, supposé, accès égal aux droits. De l’autre, les « mauvaises personnes étrangères » qui, parce qu’ils et elles n’accèdent pas à l’assimilation, sont expulsées, enfermées, criminalisées. Bref, la politique de la frontière fabrique les personnes sans-papiers et crée le problème dit « migratoire ».
Le coût du choix politique de la frontière est insupportable.
- Le coût humain d’abord, car la frontière tue. Elle tue aux points de frontière, lors des traversées maritimes. Elle tue ici, dans notre localité, dans les camps, dans les villes, où les personnes sans papiers sont forcées de vivre dehors dans un contexte exacerbé de violences (notamment policières).
- L’indignité des conditions de vie des personnes en exil les pousse à l’illégalité pour se loger, travailler et se nourrir. Ces conditions de vie fragilisent leur survie, alors qu’il serait bien moins coûteux et humain de leur proposer des formes dignes d’accueil collectif, plutôt que d’assumer le coût de la répression.
- Le coût de la répression est insupportable. La politique d’expulsion représentait 468 millions d’euros en 2018 (https://www.dalloz-actualite.fr/flash/couteuse-machine-expulser-etrangers). Le coût de la construction d’un CRA est d’environ 20 à 30 millions d’euros (le CRA n°2 d Lyon construit récemment et qui a la même capacité a coûté 23 millions : https://www.lacimade.org/ouverture-du-nouveau-cra-de-lyon-saint-exupery-des-capacites-denfermement-doublees-pour-des-personnes-etrangeres-toujours-plus-criminalisees/). Sans compter le business carcéral et l’enrichissement honteux des entreprises de BTP, de nettoyage et autres sur le dos des personnes emprisonnées.
Nous, habitant-e-s de Loon-Plage, du Dunkerquois, citoyen-ne-s ou organisations concernées, nous opposons à ce projet de CRA. Nous appelons à la mobilisation de chacun-e pour le dénoncer et le stopper. Les élu-e-s soucieux-ses du respect des droits et de la dignité humaine doivent prendre toutes leurs responsabilités et l’empêcher.